Palestine, Viet-Nam, Algérie, Afghanistan, Arménie, Sahara, Haïti, Yémen et tant d'autres, tant d'autes, tant d'autres...
Palestine
Automne. Atlas dévoile tristement sa fille
Et tend amèrement ses bras noirs, décharnés,
Vers les infinis ténébreux et courroucés,
Reflet de la colère qui dans un œil brille.
Impétueux, le torrent de la vie de l’homme
Trouble de son amertume le vif ruisseau
De cet œil déçu, contemplant dans un grand seau
Les nations de la terre croquant une pomme.
Les doigts puissants des omnipotents de ce monde
Sanglants de la mort humaine, de pleurs humains
Sont les instruments de ces redoutables mains
Qui font danser la planète, infernale ronde.
Et la ronde, tourbillonnant toujours plus vite,
Projette vers les sombres cieux la pluie de feu
Qui jaillit cruelle, car suscitée par un jeu,
Le jeu de toute puissance, érigé en rite.
Carmin des mains, extrémités des corps fripés !
Ces corps fripés se cachent sous un fard paisible
Et saupoudrent leurs blessures de métal jaune
En complicité avec toute cette faune
Qui prend tous les impotents pour sa propre cible.
Faucons, chacals, rapaces et carnassiers
Affutent les griffes pourpres, en souriant,
De ces rudes poings qui transforment en riant
La Palestine dorée en lourds charniers.
Les comparses, alarmés par la flamme sèche
D’un affrontement excessif, pansent leurs plaies
Tout en susurrant, le chef sur de blanches taies,
Une mélodie de paix à la saveur rêche.
Carmin des mains, extrémités des corps fripés !
Corps fripés par l’éternelle souffrance humaine !
En attendant, la terre du lait et du miel
Eponge un sang noir et visqueux. Voile funèbre
Du sang qui brûle, l’obscur nuage célèbre
Un nouveau crépuscule sous un ciel de fiel.
Les indigènes, l’œil hagard mais toujours adroit
Echangent leurs ultimes coups, en oubliant
Qu’il y a longtemps, leur seul prophète priant
Pour une terre de neige est mort pour ce droit.
Carmin des mains, extrémités des corps fripés !
Corps fripés par l’éternelle souffrance humaine !
Souffrance humaine, leçon éternelle et vaine !
Dans la plaine, dans la ville et dans la montagne
L’homme moderne assiste, d’un regard blasé,
Aux dignes noces d’un très vieux couple usé,
L’or éternel et la mort, chemin vers le bagne.
Carmin des mains, extrémités des corps fripés !
Corps fripés par l’éternelle souffrance humaine !
Souffrance humaine, leçon éternelle et vaine !
Leçon vaine des faibles, éternels frappés !
Michel de la Tharonne, le 23 janvier 1975
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